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Histoire du Genevois
15 décembre 2007

Töppfer en Savoie, 1833

Rodolphe Töppfer à saint-Julien, l’Eluiset et frangy

1833

Au début du XIXe siècle, Rodolphe Töppfer, dessinateur et écrivain genevois, effectua plusieurs voyages avec ses élèves. Il en tira des récits accompagnés de dessins. Voici le début de deux voyages. A chaque fois, le petit groupe part de Suisse et se dirige vers la frontière sarde. La Savoie n'était pas encore française.

[...] « Frangy est un petit bourg grillé qui est environné de vignobles. Nous y faisons une buvette. Buvette, en langage de pension signifie repas improvisé. [...] Mais à Frangy, pays de vignobles, nous arrosons la chose d’un petit vin gazeux, qui, comme l’eau de Seltz, lance au nez des buveurs des bulles d’air, à la grande satisfaction de l’organe. »

«A Saint-Julien, on nous adresse tous au bourreau : ce qui dans la bouche d’un carabinier piémontais, ne signifie heureusement rien de sinistre ; il s’agit tout simplement de bureau où l’on vise les passeports. Nous y passons trois quarts d’heure, après quoi, l’on nous recommande d’avoir soin de nous mettre en règle auprès de tous les bourreaux ultérieurs, car le moment est critique, et à cause de quelques fusées politiques qui ont récemment éclaté ici où là, les carabiniers veillent et la police fait bonne garde. [...]

A l’Eluiset, autre bourreau, celui des douanes. Ici l’on nous fait promettre que nous ne colportons point de doctrines incendiaires, point d’idées de contrebande, point de propagande manuscrite ou imprimée. Nous promettons tout ce qu’on veut, et on nous laisse partir sans seulement ouvrir nos havresacs. En vérité, ce serait le moment de passer du sucre, du tabac, des dentelles, car ces gens pour l’heure n’ont l’oeil qu’aux fusées et aux pétards ».

Voyage à la Grande-Chartreuse en 1833

«Dès Saint-Julien on exhibe, une heure plus loin, la douane, et encore mangeons-nous notre pain blanc le premier. Car, en fait de douane, en fait de passeport, et à la seule condition que vous soyez en règle, allez en Savoie, allez en Piémont, en Lombardie, mais n’allez pas en France, il y a tout à perde et rien à y gagner.

Au Chable, avant de quitter la vallée du Léman, l’on gravit le petit mont qui l’enserre de ce côté. Du sommet de ce mont, l’on voit au loin les tranquilles plages du lac, les rivages enchantés de Vaud, le profil de la côte escarpée de Savoie, et tout près de soi, au pied du mont Salève, la solitaire abbaye de Pommiers à demi enfouie sous les rameaux de quelques hêtres séculaires... Quel beau pays ! Quelle radieuse contrée »

Voyage à Gênes Nouveaux voyages en Zigzag, éditions Paris, Garnier, 1929.

Commentaire

- Les douanes étaient l’objet de critiques qui visaient le passéisme du gouvernement sarde.

- Le régime sarde, rétrograde et protectionniste, craignait l’influence des libéraux étrangers.

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