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Histoire du Genevois
15 décembre 2007

L’agriculture de haute montagne

Revue de géographie alpine 1998 n°4 (« patrimoine, montagne et biodiversité »).

Note de lecture.

L’agriculture de haute montagne, que l’on croyait condamnée, se défend.

On ne cherche plus à battre coûte que coûte des records de production, la distribution de « croquettes » pour les vaches est critiquée et l’on se recentre sur l’herbe. En 1985 le syndicat du fromage abondance demande une AOC basée sur un élevage extensif et certaines races bovines. Le Haut-Chablais se lance dans l’aventure. L’agriculteur doit alors acquérir de nouvelles compétences comme la tenue des « paperasses », l’utilisation de nouveaux ferments, de nouvelles machines etc. Des tensions peuvent advenir avec les techniciens agricoles dont le rôle devient immense. Toutefois chez les producteurs de beaufort des techniciens font le lien entre les vieux paysans, détenteurs d’un savoir-faire indéniable, et les jeunes. Ils conseillent au lieu d’imposer. Certains tours de main ne sont pas écrits afin d’éviter leur divulgation. Les techniciens du reblochon font de même.

La « communication » acquiert une grande importance. à Mieussy (Faucigny), des paysans créent une fruitière en 1994. Les visiteurs y dialoguent avec les travailleurs, plus loin le visiteur s’informe sur le milieu local en pianotant sur ordinateur. Selon la revue, le risque de passéisme et d’autosatisfaction est évité car les textes présentés évoquent la vie pénible d’autrefois et les transformations survenues. On parle beaucoup d’« éco-citoyenneté ».

En devenant un produit marchand, le patrimoine évite de devenir un objet embaumé ou technocratisé. La population s’empare du savoir des Anciens pour le transformer. Cela génère de nombreuses réunions. Quel bonheur de créer et de montrer ce dont on est capable ! Une communauté agit et la démocratie se dégèle. Cette nouvelle agriculture permet de vivre au pays sans dépendre de l’industrie agro-alimentaire. Elle contrebalance le tourisme blanc (neige) dont les effets ne sont pas toujours positifs et que les bouleversements climatiques menacent. L’Etat protège les produits agricoles avec des garanties et un statut clair.

Cependant, rien n’est acquis.

Les exigences sanitaires bousculent les méthodes traditionnelles (affinage sur planches de bois, cuves en cuivre du comté...). L’offensive en faveur de la pasteurisation inquiéte. La savoie se protège avec le refus de l’ensilage et les fromages à pâte pressée cuite (beaufort etc.). Des fromages plus exposés aux germes comme le reblochon s’en sortent grâce au renforcement des contrôles. Comme les produits AOC se vendent bien, en général l’agriculteur peut acheter les équipements nécessaires.

Hélas, tous n’arriveront pas à couvrir la hausse des coûts. Il y a-t-il un risque de standardisation du goût ? Le consommateur restera-t-il fidèle à ses rêves de « terroir authentique » ? Il faut être rigoureux dans la médiatisation de mots-fétiches comme « alpage » et « montagne » car on s’expose à des retours de bâton. La concurrence avec les fromages industriels ou les fromages des autres régions européennes ne disparaîtra pas. Les prairies d’altitude s’enfrichent. Les primes à l’herbe ne sont pas suffisantes. Les jeunes voudront-ils reprendre ce métier d’agriculteur ?

L’expansion des maisons individuelles dévore beaucoup de terrains disponibles. Quand à la Politique Agricole européenne, elle ne restera pas éternellement ce qu’elle est aujourd’hui.

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