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Histoire du Genevois
5 janvier 2010

Agriculture de Haute-Savoie

Les modes de production moderne auraient dû condamner l'agriculture haut-savoyarde : ses coûts de production sont structurellement beaucoup plus lourds que dans les zones de plaine. Mais, dès les années 70, des agriculteurs visionnaires et habiles ont su transformer les handicaps naturels du territoire (85 % du territoire des deux Savoie est en zone de montagne : la plupart des terrains sont difficiles d'accès, compliqués à entretenir et fermés par la neige ou le froid une grande partie de l'année) en avantages concurrentiels. La production de fromages de qualité (reblochon, beauforts.), vendus plus chers, a permis aux agriculteurs de « vivre et travailler au pays ». Ce faisant l'agriculture des Pays de Savoie s'est largement orientée vers la production de lait : l'herbe occupe 90 % de la surface agricole utile selon la FDSEA.

UN NOUVEAU DÉFI : LE MARCHÉ MONDIALISÉ

Ce modèle est aujourd'hui bousculé, pour le pire et peut-être le meilleur. La bonne nouvelle vient de Chine et de ces pays en voie de développement où des millions de personnes se mettent à manger mieux et plus, ce qui tire les prix agricoles mondiaux vers le haut. La mauvaise nouvelle vient de l'Europe, qui en profite pour revoir sa politique agricole, baisser le régime des subventions dans une imparable logique libérale — « je trouve sain que les éleveurs soient payés de leur travail davantage par les prix que par des subventions », confiait récemment à « Eco des pays de Savoie » le ministre français de l'agriculture Michel Barnier.

Reste à savoir si l'Europe continuera à compenser les handicaps naturels ou si le Conseil préférera s'en tenir à la seule loi du marché. De ce côté, les organismes agricoles de nos départements se démènent bec et ongle pour faire comprendre qu'agriculteurs de Haute‑Savoie et de Pologne ne se battent pas avec les mêmes armes.

DES HABITUDES DE CONSOMMATION QUI CHANGENT

Mais, la faute incombe aussi à l'environnement concurrentiel. Les produits savoyards étaient les vedettes des fromageries et des rayons "coupe" des grands magasins, deux formes de vente aujourd'hui à la traîne. Ils doivent maintenant prendre place dans les linéaires, c'est-à-dire en chasser les ersatz de fromages savoyards (du type «goût tartiflette») produits ailleurs et moins cher.

La bataille de la qualité est gagnée. Celle de la commercialisation bat son plein, Mais, c'est vrai que les agriculteurs haut-savoyards en ont déjà gagné d'autres. Un malheur n'arrivant jamais seul, les viticulteurs traversent également une période délicate. La consommation de vins baisse, les stocks augmentent. Heureusement, la récolte 2007 moins abondante a permis d'assainir la situation... Mais là encore, il faut dynamiser la commercialisation des produits.

Philippe Claret

Eco des pays de Savoie, hors-série 2008

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