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Histoire du Genevois
5 novembre 2010

La maison rurale du Genevois

histoire de la maison rurale en genevois

 

Ce 20 avril 2007 une assistance nombreuse se trouvait à Etrembières - Le Pas de l'Echelle pour écouter Dominique Zumkeller et Marta Hans-Möevi présenter leur livre sur les maisons rurales du canton de Genève. Un travail appartenant à une longue série d’études sur le rôle économique de la maison rurale suisse.

Du Genevois français au Genevois suisse, il y a des différences, mais pas tant que cela. Les vieilles maisons rurales se ressemblent beaucoup. D'où l'intérêt de cette conférence qui s'est tenue il y a quelques mois, non loin de la frontière.

 

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Impossible de comprendre la morphologie du bâtiment sans étudier au préalable l’économie et la sociologie.

 

Jusqu’en 1850 la plupart des exploitations pratiquent la polyculture ; il n’y a pas ou peu de vignerons (nous ne sommes pas à Lavaux !). Le bétail et le fourrage restent peu développés, ce qui explique l’aspect réduit de la partie agricole. On pratique l’assolement biennal.

Jadis le nombre d’enfants reste faible. En 1754-1797 les ménages de 3-4 personnes sont majoritaires ; en 1797 on compte 5,6 habitants par ménage. Les petites propriétés dominent : celles inférieures à un hectare représentent un tiers du total. Les propriétés dépassant vingt hectares demeurent rares.

Dans ce paysage de semi-bocage, le peuplement s’égaille. Il n’existe pas un seul gros village au centre de la commune (openfield lorrain), ni un semis de fermes isolées (bocage breton), mais quelques petits tas de maisons formant hameaux. Un dense réseau des chemins parcourt la campagne.

 

Ce paysage évolue. A Bernex au début du XVIIIe siècle, les constructions sont éparpillées. Au début du XIXe s. les trous se comblent. Un siècle plus tard, cela devient un village-rue.

Observons les vieux plans de Chancy : autour des bâtiments actuels, généralement déjà présents au XVIIIe siècle, une première couronne était formée de jardins, la deuxième de vergers et la troisième par les champs.

 

On distingue plusieurs plans de maisons.

  Type 1. Au rez-de-chaussée le logement et derrière la partie agricole.

  Type 2. Au rez-de-chaussée la cave ou l’écurie, le logement étant au-dessus. Situation rare car insalubre.

  Type 3. Le logement et la partie agricole sont côte à côte. Parfois on surélève.

 

Les maisons de Peissy-Satigny ont un plan typique. Elles sont contiguës, avec des murs coupe-vent en saillie. Le toit en faible pente est couvert de  tuiles creuses. Avant le XVIIIe s. l’escalier est en bois puis on le fait en pierre. Les pièces sont la cuisine, le poële, la grange et l’écurie. Le foyer et hotte de la cheminée s’adossent au mur de refend qui chauffe le poële.

 

Dans le Genevois, la maçonnerie est utilisée dès le XIIIe, surtout dès le XVIe s. Les murs sont larges, surtout à la base, et les fenêtres petites (papier huilé), avec des meneaux. Les fondations étant peu profondes, les contreforts sont indispensables. On dresse d’abord deux parements, à l’intérieur desquels on déverse ensuite des matériaux récupérés un peu partout : grès, molasse, calcaire, cristallins. Des tuiles calent les pierres. On réutilise les restes de constructions antérieures. Un mortier en chaux vive lie l’ensemble. Par contre, entre une grange et une écurie on se contente de murs à pans de bois avec un remplissage en maçonnerie. Toujours, un crépi protège le mur extérieur. La face au vent (bise) ou à la pluie n’a pas d’ouvertures alors que la façade sud ou ouest s’ouvre. Les murs contigus permettent de faire baisser le coût de chauffe.

 

Au XIXe siècle apparaît le chaînage d’angle visible, les fenêtres et les granges deviennent plus grandes, le calcaire remplace la molasse. On abandonne l’escalier extérieur parce que la cave apparaît (en Savoie la cave est apparue plus tôt).

Dans la partie agricole, le linteau en bois est antérieur au linteau en pierre .L’ouverture en anse de panier tardive sert à faire passer les chars. On trouve aussi des granges traversantes, de la cour au jardin. Au XVIIIe s. apparaît l’œil de bœuf pour ventiler la grange. Au-dessus de l’écurie, on met des parois en bois pour ventiler la grange. Peu de caves car partout l’eau affleure.

La charpente aussi se modifie. Dans les granges du XVIIIe s : elle ressemble à une forêt. Au XIXe s : apparaissent le tirant horizontal et le poinçon jusqu’au faîte. Les premières charpentes sont à mortaises, puis arrive l’assemblage mâle-femelle. Monter une charpente requiert l’aide des voisins.

 

Au XVIIIe s. apparaissent les toits à demie coupe. Les toits sont en chaume jusque vers 1850-1900. Lorsque le développement de la production fromagère nécessite d’augmenter la taille du troupeau, donc nécessite davantage de place pour le fourrage, il faut rehausser le toit. Lorsque la pente du toit devient plus forte, on passe de la tuile creuse à la tuile plate.

 

Bref, une conférence utile permettant de mieux apprécier les vieilles maisons de nos promenades.

 

Isabelle Roland, Isabelle Ackerman, Marta Hans-Moevi, Dominique Zumkeller, Les maisons rurales du canton de Genève, collection Les maisons rurales de Suisse n° 32, Genève Slatkine et Bâle, Société Suisse des Traditions Populaires, 2006.

 

 

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Et maintenant : il ne reste plus qu'à aller sur le terrain admirer les vieilles bâtisses. Je vous conseille les villages de Chaumont, Chevrier et Sézegnin.

 

Illustrations extraites de la plaquette "publicitaire" du livre servant de base à cette conférence.  

http://www.ge.ch/patrimoine/imahge/docs/pro-maison_rurale.pdf

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