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Histoire du Genevois
5 juillet 2014

L'Ethiopie au Moyen Age

Dans l'ombre du royaume chrétien d'Ethiopie
Eclairages archéologiques et historiques sur les voisins musulmans, juifs et païens des chrétiens du Moyen Age.

Conférence faite dans le cadre du Cercle genevois d'archéologie.
mardi 10 juin 2014

Par François Xavier Fauvelle, auteur du Rhinocéros d'Or, historien et archéologue, directeur de recherche au CNRS à Toulouse.

rhino

La christianisation est ancienne dans ce pays. Elle débute au IVe siècle dans la région d'Aksoum., au nord, sur les rivages de la Mer Rouge. La moitié de la population se convertit. Une langue liturgique apparaît, le guèze. Quelques vestiges archéologiques subsistent de ces temps lointains : un baptistère, des stèles sculptées, des inscriptions en grec (la langue des marchands). De monastères sont fondés au nord, dans des bosquets.
Puis le christianisme essaime vers le sud. La christianisation accompagne l'unification politique du pays. Sur ces plateaux tôt christianisés, on cultive une céréale nommée le tef

L'islam éthiopien est moins connu.
Il s'organise en confréries. On a trouvé quelques mosquées, des inscriptions, des tombes, et, chose notable, des villes. Placée sur un éperon rocheux, la ville de Nora, barrée par un mur, contenait une grande mosquée datant des XIVe et XVe s. On a aussi retrouvé de petites mosquées de quartiers et des habitations.

Les deux religions – islam et christianisme - se diffusent parallèlement du nord vers le sud. Les deux entrèrent en compétition pour convertir les païens.
Les chrétiens se trouvaient sur les plateaux, exploitent le minerai, les esclaves. Ils n'ont pas de villes mais des camps royaux itinérants, des monastères et des églises.

Les musulmans occupaient les escarpements au-dessus de la vallée du Rift. Ils construisent des routes sur lesquelles se développent villes et marchés. Ils ont un rôle d'interface. Ils mettent en contact , commercent.
Il y a donc une différence d'organisation territoriale entre les deux religions.
Il y eut des relations commerciales, culturelles etc. Elles connurent des moments de coexistence pacifique. Cette proximité est impossible à penser pour les époques suivantes de plus en plus identitaires. C’est sans doute ce qui explique que l’islam éthiopien soit moins connu que le christianisme.

Et les païens ?
Les païens ont coexisté longtemps avec les chrétiens et les musulmans.

Les vestiges archéologiques sont quasi inexistants. On note quelques traces de culte, des tombes, stèles, dolmens, tumulus. Sur la culture Shay nous connaissons des traces funéraires et des céramiques. Elle s'interrompt brutalement au XIIe s après avoir connu une petite influence chrétienne. Cette civilisation était dominée par une aristocratie. En se convertissant, les élites  attirent le reste de la population.
Dans les sites païens on trouve des bijoux avec de la cornaline venant de l'Inde et du Pakistan, ainsi que des perles originaires d'une région située entre l'Inde du sud et le Vietnam. Ces produits arrivent en Ethiopie avec des marchands musulmans. C’est sans doute ainsi que l’islam s’est propagé.

Les Juifs.
Ils sont aussi appelés Falashas. C’est une judéité récente. On sait qu’il y eut des activités missionnaires juives depuis le XVIIIe s.

Il y a peu de vestiges archéologiques juifs en Ethiopie. Mais le christianisme éthiopien était très proche de l'Ancien Testament et du judaïsme.
Cette communauté était marginalisée et stigmatisée par les chrétiens. Les juifs se spécialisèrent dans le métier de forgeron. Il y a eu une déjudaïsation au XIXe s.
Le conférencier évoque ensuite le cas Benjamin de Tudèle. C'est un voyageur espagnol du XIIe s. Il décrit les juifs éthiopiens mais il ne semble pas être allé dans ce pays. Il a confondu les Juifs dont il parle avec le royaume chrétien d'Ethiopie.

Terminons en parlant des fouilles récentes dans la ville de Lalibéla.
Elle est connue par ses églises chrétiennes creusées dans le sol. Cela pose des problèmes pour un archéologue car il y a une absence de stratigraphie. Ces monuments sont donc mal datés. On a récemment fouillé les déblais issus du creusement de ces monuments dans l’espoir d’y trouver des informations..
Malgré la caractère insolite de ce lieu, les savants arrivent à caractériser plusieurs phases. D'abord on a creusé des couloirs troglodytiques. Puis ces derniers ont été élargis pour devenir des sortes d'hypogées. Pour finir il y a la phase monumentale consistant à creuser plus profond.
Au départ la région était peu peuplée. Et ces monuments creusés dans la roche n'ont pas toujours été des églises. Il n’y a pas d'habitat chrétien sur place. La construction de ces monuments a pris plusieurs siècles.

En conclusion, l’archéologie éthiopienne n’en est qu’à ses balbutiements. Tout reste à découvrir.

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