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Histoire du Genevois
4 septembre 2011

Les militaires savoyards, 1848-1871

Note de lecture.

 

Hubert HEYRIES, Les militaires savoyards et niçois entre deux patries (1848-1871). Approche d'histoire militaire comparée, armée française, armée piémontaise, armée italienne, Études militaires n°30, Montpellier, Presses universitaires de Montpellier, 2001.

Synthèse subjective du compte-rendu d’Annie Crépin dans la Revue d'histoire du XIXe siècle, numéro 2001-22.

 

H. Heyries étudie les Savoyards de l’armée sarde contraints en 1860 de choisir entre la France et le Piémont. Ils possèdent une identité complexe : ils parlent à la fois français et italien, savent qu’entre 1792 et 1815 leur histoire a été française, se sentent «Savoyards», éprouvent du respect pour leur roi et se marient dans leur milieu social.

En 1854 et 1857 l'armée sarde venait d’être réformée par le général La Marmora. Les conscrits se plaignaient d’une conscription devenue plus lourde (important taux d’insoumission) mais les officiers et les sous-officiers se satisfaisaient de ces réformes leur assurant une carrière rapide.

En mars 1860, les articles5 et 6 du traité de Turin réservent un sort spécial aux cadres militaires. Ceux-ci peuvent conserver les droits acquis s'ils optent pour la nationalité et l'armée françaises. Toutefois ils peuvent conserver la nationalité sarde et leur place dans l'armée piémontaise, à condition de transporter leur domicile en Italie.

Lors du référendum 93% des militaires savoyards se prononcent pour la cession de la Savoie et de Nice à la France (99,7% chez les civils). Il y a 9% d’abstentions.

Les cinq sixièmes des officiers entrent au service de l’Italie. Comme il s’agit de militaires ayant déjà démontré leur valeur, on leur attribue un rôle de premier plan dans la formation de l’armée italienne. Certes, au prix d'une dispersion géographique et d'une italianisation (beaucoup modifient leurs prénoms) mais avec un avancement rapide. Ni entièrement savoyards, ni entièrement italiens, pour quelques années ils sont un peu les deux.

La minorité d’officiers savoyards ayant choisi l’armée française déchante rapidement. Le gouvernement ne lui accorde aucune place particulière, il la noie dans la masse sans lui offrir de belles perspectives. Plusieurs officiers, déçus, démissionnent ou se réfugient dans le particularisme provincial.

Les trois-quarts des sous-officiers préfèrent l'armée française parce qu'ainsi ils achèvent plus vite leur service ou parce que leur dossier est insuffisant pour devenir officiers italiens.

D’un côté comme de l’autre, au bout d’une dizaine d’années seulement «l’identité» savoyarde décline. La guerre de 1870 développe le patriotisme français et la même année le rattachement de Rome à l’Italie exalte le patriotisme italien.

La fabrication d’une «identité» est une alchimie bizarre où le hasard pèse lourd.

 


 

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