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Histoire du Genevois
25 juin 2011

Histoire de Vulbens

 

HISTOIRE DE VULBENS ET DE BANS

 

Philippe Duret

 

 

Article déjà paru sur le site de la commune de Vulbens (Haute-Savoie)

 

BetVulb

 

Vulbens se trouve au nord de la Haute-Savoie, dans le Genevois français. La commune est délimitée à l’ouest par une montagne à caractère jurassien, le mont Vuache (1101m.). Au nord, le territoire communal jouxte le Rhône, l’Ain et la Suisse. A l’Est, le nant (ruisseau) de la Vosogne sert de limite avec Valleiry.

Le territoire actuel résulte d’une ancienne fusion entre deux paroisses catholiques :

Vulbens (hameaux de Vulbens chef-lieu, Faramaz, La Fontaine),

► et sur la berge du Rhône, Bans, avec les hameaux de Moissez, Bans et Cologny.

 

 

PREHISTOIRE

 

Au Paléolithique (avant l'agriculture), des glaciers couvrent la région. Il y a 15 000 ans, ils se retirent définitivement en raclant le terrain et en déposant une épaisse couche de grès, sables, cailloutis et argiles imbibés d’eau. Au nord-Vuache, les traces humaines sont effacées par ces mouvements.

La période du Néolithique est géologiquement calme. L’agriculture nourrit une population nombreuse. Au-dessus de Chevrier, une grotte a livré des objets en bronze et des pierres taillées. A Savigny, Chaumont et Clarafond, se trouvent encore d’énormes « pierres à cupules », blocs de granit creusés par l’homme. Avaient-ils une fonction religieuse liée aux astres et donc aux travaux agricoles ?

 

ALLOBROGES

 

Avant l’arrivée des Romains, les Gaulois (= Celtes) de la nation allobroge vivent entre Rhône et Isère. Leur capitale est Vienne, avec Grenoble et Genève comme villes secondaires.  Au sommet du mont Vuache, un oppidum (rempart) permet  de surveiller la trouée du Rhône entre Vuache et Crêt d’Eau. Entre Vulbens et Valleiry, le nant (ruisseau, en savoyard) de la « Vosogne » tire son nom d’une divinité celte, Vésunna. Les Allobroges contrôlent une partie de l’axe rhodanien et possèdent ainsi une place de choix dans le commerce européen.

Les Allobroges sont battus par les Romains et en 121 av. J.-C.  leur territoire est incorporé dans la nouvelle province de la Narbonnaise, pour l’instant seule terre romaine à l’ouest des Alpes. L’administration romaine est encore peu présente.

En 58 avant J.C., les Helvètes du Plateau Suisse, se trouvant à l’étroit, veulent s’installer sur le littoral atlantique. Ils prévoient de passer par la Narbonnaise. Jules César, avide de gloire, leur barre la route en détruisant le pont de Genève et en édifiant un mur sur certains points de la rive gauche du Rhône. Il en reste encore des vestiges à Chevrier, Vulbens, Chancy etc. N’ayant aucune envie de subir une nouvelle défaite, les Allobroges ne bougent pas. De bataille en bataille, toute la Gaule est conquise. Toute ? Oui, toute !

 

ANTIQUITE ROMAINE

 

La conquête de César en - 58 marque un tournant. L’élite allobroge se romanise vite et profondément. Pendant les deux siècles de la Pax Romana, la région est prospère. Les environs se couvrent de constructions. A Chevrier on a trouvé une statuette du dieu Bacchus. Ici ou là, on a mis au jour des restes de métiers à tisser. Une construction, peut-être religieuse, fut édifiée au sommet du Vuache. Une route rectiligne reliait le pied du mont au gué de Cologny.

 

BURGONDES ET FRANCS

 

De 235 à 298, la vie semble devenir plus dure au IIIe siècle avec une première vague d’invasions germaniques. En 260 à Minzier des pièces de monnaie sont enfouies. Toutefois l‘impact précis de ces invasions est difficile à mesurer. La paix est rétablie par les empereurs Dioclétien en Constantin. Au IVe siècle le christianisme devient religion d’Etat.

Une seconde vague d’invasions survient à partir de 406. En 443 les Burgondes, alliés aux  Gallo-Romains, sont installés par ces derniers dans une région nommée la Sapaudia, à cheval sur le Jura, le Léman et le nord des Alpes. Ils y fondent  un royaume avec Genève et Lyon comme capitales. La population romaine coexiste avec les guerriers germaniques. La tolérance religieuse est grande. De vastes pans d’administrations romaines fonctionnent encore. Genève est une ville active et il y a un important trafic commercial routier et fluvial entre Genève et Seyssel.

Le hameau de Faramaz tire son nom d’un groupe de Burgondes, les faramans.

Plus tard, les Francs du Bassin Parisien annexent ce royaume. Le Vuache fait partie de l’empire de Charlemagne qui ne dure que 43 ans avant de se fragmenter. Que voulez-vous, le temps des grands empires était révolu... Cela devenait trop difficile à administrer et à défendre.

 

LE COMTE DE GENEVE


Vers l’an mil, un document relate une donation de biens faite à Wulbeengi (Vulbens ?) par « Odolricus » à l’abbaye Saint Maurice d’Agaune.Odolric appartenait à une famille de puissants aristocrates apparentés aux rois de Bourgogne transjurane. Ce nom de Wulbeengi viendrait de Willibad, nom porté par un notable (gallo-romain ? burgonde ? franc ?) du début du Moyen Age.

D’autres grandes abbayes comme Saint-Claude et Chézery possèdent des pâturages autour du mont.

Le royaume de Bourgogne disparaît à son tour et le Vuache fait partie du modeste comté de Genevois.  Dans la plaine, de petits seigneurs bâtissent des châteaux de bois et de terre.

A la fin du XIIe siècle, les Templiers fondent une chapelle au bord du Rhône à Cologny. Autour, des bâtiments agricoles sont construits. Un petit port permet de traverser le fleuve. Lorsque l’Ordre des Templiers est supprimé, Cologny passe aux Hospitaliers, dits aussi Ordre de Malte.

A Vulbens au XIIIe siècle, à quelques mètres au-dessus de l’église, un château de pierre est édifié. Il est le centre de la seigneurie dite du Vuache. Le mot « Vuache » parait désigner à l’origine la plaine boueuse entre mont et fleuve. De là, ce nom passe à la seigneurie puis à la montagne. Vers 1236-1259 le château appartient à de petits seigneurs locaux puis pendant deux siècles il passe dans la main des comtes de Genève. Il sert de centre de gestion pour le châtelain (intendant). De puissants princes l’utilisent aussi comme relais de chasse, pour faire stationner des troupes, pour conserver des réserves de fourrage

Un peu plus loin, à Faramaz, une petite famille seigneuriale possède une tour et quelques dépendances. Mais peu importante, elle reste vassale du Vuache. 

A partir de 1348 une vague d’épidémies s’abat sur l’Europe. Au Vuache, des maisons sont abandonnées et les revenus seigneuriaux baissent. Les habitants cherchent réconfort dans le culte de sainte Victoire et font le pèlerinage auprès de sa chapelle sur le mont.

 

EN SAVOIE

 

Le comté de Genevois se retrouve vite concurrencé, encerclé et battu par son voisin savoyard, plus habile. Il est finalement annexé en 1402.

Au XVIe s., la région est ravagée par les guerres opposant les bourgeois de Genève (devenus protestants) au duc de Savoie. Le fort de la Cluse change plusieurs fois de maître. En 1536 le seigneur du Vuache, Marin de Montchenu, ami de François 1er, profite du désordre pour mettre la main sur le Vuache qu’il venait de vendre. Le château brûle et tombe en ruines. Une borne sculptée en face du restaurant Gouverneur en reste le seul  témoignage visible.

Les Bernois viennent au secours de Genève et occupent quelques temps le pays. On dit que la tour de Faramaz aurait été tronquée par eux vers 1590.

La paix revient en 1601. C’est l’époque où des sorcières sont brûlées à Vulbens.

Vers 1607, la falaise de Bans s’effondra  dans le fleuve, emportant avec elle l’église.  Longtemps, quelques maisons et une partie du cimetière furent encore visibles. La paroisse de Bans ne contenant plus que quelques habitants à Moissez et Cologny, elle fut rattachée à Vulbens.

Au 17e siècle, les seigneurs de Faramaz exercent de hautes charges, s’enrichissent et rachètent la seigneurie suzeraine du Vuache. Claude de Blancheville, sénateur de Savoie, fait construire à côté de la tour de Faramaz le château actuel avec sa ferme.

L’église de Vulbens, probablement reconstruite à la fin du Moyen Age, est vouée au culte de saint Maurice. Un cimetière entoure le bâtiment. Les paroissiens se réunissent le dimanche sur la place afin de débattre des affaires communes.

Dans la langue populaire, Vulbens se disait alors Vurbens, Virbens ou Vrobin.

L’agriculture est basée sur les céréales. Les rendements étant faibles, il faut utiliser le maximum de parcelles et il reste peu de place pour les pâturages et l’élevage. Le bois étant très utilisé, la forêt est bien plus petite qu’aujourd’hui. Sur la pente du mont, le replat des 800 m. est totalement défriché.

En 1690 et 1713 les armées  de Louis XIV envahissent  la région. Les soldats espagnols aussi marquent leur passage avec violence entre 1742 et 1748. En 1718 le duché de Savoie devient royaume de Piémont Sardaigne. En 1730  Victor Amédée II fait faire une sorte de cadastre avec plan détaillé.

En1759, une révolte paysanne éclate contre le nouveau seigneur du Vuache, plus sévère que ses prédécesseurs.

 

1792-1815, LA SAVOIE EST FRANÇAISE

 

En 1792, la Savoie est réunie à la France. Six ans plus tard, c’est le tour de Genève.

En 1798 le curé de Vulbens est envoyé en prison, puis condamné à la déportation à l’Ile de Rê. L’église devient un « temple de la Raison ». Plusieurs « arbres de la Liberté » sont plantés. Pendant le Premier Empire, on modifie le découpage paroissial et on rattacha à Vulbens les paroisses de Chevrier et Dingy.

 

1815-1860 RETOUR DU REGIME SARDE

 

A la chute de Napoléon 1er (1815), Genève abandonne son statut risqué de république indépendante et demande prudemment son rattachement à la confédération helvétique. Les rois de Piémont-Sardaigne récupèrent leurs terres savoyardes et la zone franche est créée pour permettre à Genève de se nourrir malgré son enclavement.

Délaissée, la Savoie se sent la parente pauvre du royaume. Pourtant des travaux sont entrepris. L’église de Vulbens est agrandie. Pour recevoir les nouveaux fidèles on construisit en 1820 un bas-côté au nord et en 1830 un autre au sud. L’ancien portail qui avait une forme ogivale fit place à celui que l’on voit de nos jours.

 

1860, LA SAVOIE FRANÇAISE

 

En 1859 Napoléon III propose au roi du Piémont de l’aider à chasser les Autrichiens hors d’Italie en échange  de la Savoie. Celle-ci devient française l’année suivante.

C’est le début d’une certaine modernisation. Le chemin de fer est construit, les moulins se multiplient. Bernard Gay, maire de 1862 à 1902, fait construire la mairie, l’école, et la fruitière accompagnée de sa porcherie. On peut voir  sur la toiture de la mairie-école une horloge provenant de Moret  (Jura) et dans la cour de l’école un tilleul très âgé. Dans la salle des réunions de la mairie, est exposé un portait de François Buloz, rédacteur en chef de la revue des Deux Mondes, né à Vulbens, ami de George Sand. Il s’y trouve aussi la mappe (carte) du cadastre sarde. Le Pont Carnot remplace efficacement le vieux bac de Cologny qui permettait, non sans risques, de passer d’une rive à l’autre. Les petits commerces se multiplient.

Les conflits entre républicains-laïcs et catholiques intransigeants sont encore vifs. En 1877 George Bernard, instituteur de Vulbens est chassé de son poste pour ses idées républicaines.

Au début du XXe siècle l’électricité fait son apparition.

Jusqu’en 1945 le nombre d’agriculteurs reste très élevé et les techniques encore archaïques. La « zone », c’est-à-dire l’accès facile au marché genevois,  permet aux paysans d’obtenir des revenus corrects sans avoir besoin de se moderniser. Les tracteurs sont rares et la France n’est pas autosuffisante en matière alimentaire. Beaucoup d’habitants préfèrent partir à Genève, Lyon ou Paris. La population de Vulbens qui était passé de 300 à 800 habitants pendant la première moitié du XIXe siècle, décline doucement de 1848 jusqu’en 1968.

En 1938 débute la construction du barrage de Seyssel qui noie une partie des terres et, par là, apporte à Vulbens une redevance fort appréciable.

En août 1944 les Allemands envahissent le village. Une partie des habitants trouve refuge de l’autre côté de la frontière, à Chancy, où elle est chaleureusement accueillie.

Vulbens se réveille de son engourdissement à la fin des années 1970.

A la fin du XXe siècle, le cadre communal devenant un peu étroit, des intercommunalités sont créées. Sur le Rhône, la réserve de l’Etournel offre un refuge aux oiseaux. De plus en plus de Vrobinois vont travailler à Genève qui reverse à la commune une partie des impôts. La population augmente et la commune se construit. Le taux de chômage est faible et une nette prospérité gagne le pays.

 

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