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Histoire du Genevois
27 septembre 2010

Un film sur Eloise en 1954

 

Vendredi 17 septembre 2010

Un élève m’apporte un DVD que nous visionnons en classe. Il dure 52 mn.

C’est un film amateur des années 1954-1958 montrant la vie quotidienne à Eloise (Haute-Savoie, région de la Semine, entre Seyssel et Bellegarde).

 

J’ai connu l’un de ses auteurs, Marius Fillion, du hameau de Fiolaz à Eloise. Il avait fait un musée de la vie paysanne qui se trouve désormais à côté de l’église paroissiale et que l’on peut visiter : poteries, outils agricoles, jouets d’enfants…

http://www.ot-bellegarde01.fr/a-eloise

http://www.latribunerepublicaine.fr/Actualite/Bellegarde/2010/08/07/article_une_agreable_soiree_avec_memoire_de_la_s.shtml

http://www.toutpourlesassociations.com/accueil/recherche.php?R=G&f_activite=6&f_eve_genre=0&f_nom=memoire

http://www.office-tourisme-frangy.com/accueil/docs_a_telecharger/bulletin2009_ot_frangy.pdf

 

Marius était dynamique. Originaire du Chablais mais installé à Eloise, il était à la fois paysan, intellectuel autodidacte, archéologue amateur doté d’un bon flair. Il animait la vie locale. Il travaillait beaucoup avec l’historien local François Burdeyron (Clarafond) et L’architecte-historien-ethnologue Paul Dufournet (Bassy).

Voir mon article surson Musée paysan d’Eloise :

http://histoirevuache.canalblog.com/archives/2007/12/15/7244326.html 

 

Ce DVD d’une heure montre la vie d’autrefois.

Les hommes portent tous un béret ou une casquette, les femmes s’habillent de noir et certaines portent un fichu sur la tête.  La bonne humeur et les sourires se lisent sur leurs visages. Certains semblent faire des farces, mais nous n’entendons pas leurs voix. Les enfants dansent en rond. Les chiens sautent et les canards traversent l’écran en se dandinant.

Une procession religieuse défile, tous les participants sur « leur 31 ».

Scènes agricoles : batteuse, hersage, charrue, boeufs de labour, lessive dans un baquet. On hisse le foin sur les chars avec une fourche.

Mes élèves sont stupéfaits par la rareté des machines et la dureté du travail manuel.

De vieilles maisons avec leur large avant-toit, des portes de granges surmontées d’une poutre.

Néanmoins il y a beaucoup de maisons modernes. Eloise a été incendiée à la fin de la guerre et les habitants reconstruisirent leur logis. On voit aussi une vieille télévision.

 

Un vieux car et de vieilles tractions Citroën. Beaucoup de motos.

 

Ce DVD peut-il être acheté dans le commerce ? Où peut-on l’emprunter ? Je l’ignore.


Voici une copie du texte qui accompagne le DVD.

Auteur : René Evreux 2009.

 

QUELQUES TOURS DE MANIVELLE EN ARRIERE

 

Ce film a sa petite histoire. Son origine fait suite à l'arrivée de l'abbé Léon Doche à la paroisse d'Eloise en juillet 1953. Ce prêtre, homme très ouvert et à l'écoute de tous, avait été avant et sera après, un bâtisseur d'écoles d'apprentissage en mécanique, mais pas seulement.

Par une sorte de pause, et tout en exerçant sa mission apostolique ici et à Saint-Germain, c'est muni de sa caméra amateur 9 m/m qu'il commencera à filmer, parfois avec imprécision, les évènements religieux qui ponctuent la vie communale d'alors.

Puis les gens au détour des maisons, des hameaux, inspiré par leurs occupations, leurs distractions, leurs bonheurs simples. Constatant plus tard les bobines qui commencent à s'empiler dans la grande pièce de la cure, l'abbé fait appel à Marius Fillion et à moi-même pour que, dans nos moments de détente, y soit mis bon ordre et en faire bon usage.

L'idée d'un film sur la commune émerge de nos échanges. Alors il est utile de prévoir des enregistrements de différents sujets, tout en sachant que le budget sera limité.

S'enchaîne le temps de trier, couper, monter...

Voilà comment a germé l'idée, comment quelques mois plus tard au début de 59, la première projection rassemblait le petit monde de Don Camillo mais sans Pepone, au Foyer Rural. Une imagination qui aurait faire sourire l'abbé.

Une heure trente de bonheur partagé par tous les âges. D'autres séances suivront, aussi pour des spectateurs au-delà d'Eloise. Un évènement du dimanche en ces temps où la télévision était toute naissante. On y voit un des tous premiers postes installé chez les Bertrand.

Quand on regarde aujourd'hui, beaucoup de ces acteurs d'un jour sont devenus anonymes avec le temps qui a fui, mais plus parlante est l'image qu'ils ont laissée de cette vie pastorale.

Il y avait le travail en commun pour les hommes, et une autre façon de vivre pour tous.

Telle cette Eloisienne avec son bol de soupe sur le seuil de sa porte à regarder la rue, ou la corvée de lessive en plein air sur la planche dans le tonneau de bois, tout comme le boulanger de Clarafond lors de sa tournée, pourquoi pas l'apparition pédestre du facteur et son képi. Images parfois trop furtives... dommage.

Et ees écoliers qui font la ronde autour du bonhomme de neige dans la cour à la récréation, ils ont pris quelques décennies depuis, tout comme ces ainés qui pour beaucoup ne sont plus. Le maire était Paul Perrier, et l'institutrice Madame Fenestraz. Au hasard, la moissonneuse-batteuse faisait son arrivée, alors que les semailles d'automne contrastaient avec ses gestes d'antan. Tous les hommes buvaient dans le même verre, et qu'importe la saison.

 

Dans ce résumé de vie à Eloise, le sérieux où l'on communie avec Dieu, côtoie l'amusant tel ce clin d'oeil aux vraies olympiades de 1956 en Italie voisine. Avec imagination, les sportifs d'ici sont à la hauteur, dans l'exploit comme dans l'humour. Puis viennent les médailles en clôture, dans un protocole tout particulier.

 

En regardant ces épisodes beaucoup de noms seraient à citer, mais au risque d'être fastidieux et d'en oublier, alors faisons silence.

 

*
* *

Cinquante ans ont passé depuis, et Henri Doche neveu de l'abbé, a redonné une nouvelle jeunesse au film. En l'adaptant au format cassette du magnétoscope il l'a retravaillé, sonorisé très à-propos, en reprenant aussi le commentaire original de 1958.

Aujourd'hui à l'heure du DVD, et de l'informatique de Lucien Tardy, une nouvelle version d'une heure est née, peut-être la dernière. Même avec quelques coups de ciseau encore nécessaires, le sens et l'esprit du tout début ont été préservés, tandis que le numérique s'est accommodé d'images un peu vacillantes de ce temps au format 4/3.

Sauf que pour ce retour aux sources, l'enregistrement de l'Hymne à la Joie chanté par la chorale paroissiale s'est égaré sur le chemin de ces années.

On ne saurait écrire ici le mot Fin sans avoir une pensée pour Marius Fillion, qui pour ce film a eu deux fonctions, et pour l'abbé Doche qui entr'autre et souvent, nous conviait à déjeuner, lequel débutait par la signature du pain. "A midi vous préparerez pour quatre", Marie la servante ainsi avisée.

La cure, une porte toujours ouverte, et le car à quelques enjambées, bien bichonné par son propriétaire passionné de mécanique.

 

Dans l'attente d'une prochaine escapade, qui à Turin, qui à Lyon... ou pour un horizon plus lointain.

 

ELOISE place de la mairie dans ces années 50, et la mémoire collective de son petit peuple.

 

René Evreux 2009. 

 

 

 

 

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