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Histoire du Genevois
27 janvier 2010

L'église de Desingy

 

Monographie de la commune de Desingy (Haute-Savoie)

Par Félix Fenouillet

Chambéry, imprimerie Vve Ménard, rue Juiverie, 1907

 

Ce texte d’histoire locale a plus d’un siècle. Depuis lors, les recherches historiques et architecturales ont progressé. On évitera donc de prendre pour vérités définitives ce qu’il dit.

 

Page 120 L'EGLISE.

 

 

L'église de Desingy est l'une des plus anciennes de la Savoie ; elle offre un des spécimens les plus caractéristiques de l'architecture dite romane ou romano-byzantine, telle qu'on la pratiquait à la fin du XIe siècle et au XIIe, époque de transition entre le roman pur et le style ogival ou gothique. On peut croire qu'elle en a remplacé une plus ancienne.

 

La forme est celle d'une croix latine exactement orientée. Le choeur, en quart de sphère est légèrement dévié à gauche et percé de trois étroites baies à plein cintre. D'après quelques auteurs, cette déviation serait symbolique : elle représenterait l'inclinaison de la tète de Jésus sur la croix. Quoi qu'il en soit de cette opinion, peut-être imaginée après coup, il est certain que la déviation du choeur a été intentionnelle, car elle se retrouve dans la plupart des églises construites à cette époque.

 

Les nervures de la voûte des chapelles ou croisillons sont supportées aux quatre coins par des modillons ou chapiteaux dont six sont sculptés en têtes d'hommes d'une expression étrange.

Les nervures sont en tiers-point et à section trapézoïdale. Le transept est surmonté d'une voûte à plein cintre flanquée de quatre grands arcs doubleaux sans aucun ornement ; elle est supportée par quatre pilastres carrés ornés seulement d'une demi-corniche aujourd'hui toute ébréchée.

 

Le croisillon méridional est appelé la chapelle de Pelly, et c'est la famille de ce nom qui y faisait, à ses frais, les réparations nécessaires. Sur la clef de voûte est sculpté l'écusson de Pelly. Il n'y a point actuellement d'autel, mais il y en avait un autrefois.

Le croisillon nord a conservé le nom de chapelle de Vars. Il était censément la propriété des Regard de Clermont de Vars, en leur qualité de possesseurs du château de la Tour au XIXe siècle ; au XVIIIe, c'était la famille Baytaz de Doucy, propriétaire de cette même Tour et s'intitulant seigneurs de Desingy, à qui était dévolu la possession de ladite chapelle. Des actes authentiques en font foi.

 

II y avait une autre chapelle latérale, en arrière du croisillon nord, sous le vocable de sainte Catherine : elle était du patronage de la famille de Varax, de Planaz, qui en présentait les recteurs à la nomination de l'évêque. Cette chapelle est démolie, mais on voit encore un rang de ses dalles dans le mur nord de l'église, en face de la porte de la cure, et l'on distingue au-dessus, malgré le badigeon, la voûte supérieure pratiquée autrefois dans le mur pour faire communiquer cette chapelle avec l'intérieur de l'église.

 

Le clocher, situé au-dessus du transept dont il occupe toute la largeur, a d'élégantes fenêtres géminées aux arcatures étroites séparées par des colonnettes dont les chapiteaux à crochet sont d'un beau travail. Deux seulement de ces charmantes fenêtres subsistent ; les autres ont été remplacées par des baies communes sans ornement.

 

La famille de Pelly jouissait du privilège d'avoir son tombeau au-devant du maître-autel.

En 1776, un nommé Borcier, devenu riche, voulut faire inhumer sa soeur dans l'église, à cette place réservée aux de Pelly. II s'ensuivit un long procès où Claude- François de Pelly fit intervenir le chapitre en garantie de ses droits, et le Sénat lui donna raison : la demoiselle Borcier fut exhumée et réenterrée au cimetière.

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