Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Histoire du Genevois
11 octobre 2009

Les Reynaud de Moissez (XIXe s.)

Fonds d’archive offert à LA SALEVIENNE par M. MAIROT.

Il s'agit de 55 documents dont le plus ancien date de l'an III (1795-1796) et le plus récent de 1840.

Ils concernent Nicolas REYNAUD, né vers 1751, mort vers 1806. Il est question ensuite de ses fils Joseph et surtout François, lequel est en 1840 marié avec Claudine MOSSIRE. En 1837, on mentionne aussi un Claude REYNAUD.

Nicolas REYNAUD nous est décrit par son passeport daté de l'an VII (1799-1800) : taille 1,65 m, cheveux et sourcils blonds, yeux bleu, nez pointu.

Il fut d'abord fermier des biens situés à Bans et Moissez (Vulbens) appartenant à Joseph Nicolas DE LA GRANGE, Marquis du Vuache et de Chaumont. II semble avoir été fermier avant que le marquis émigre. Il est cité en tant que tel de l'an II (1794-1795) à 1807. Pendant que le marquis vivait à l'étranger, le fermage était versé à l'administration française. Ce fermage concernait les champs de Moissez et Bans, la tuilerie de Moissez (déjà signalée en 1730) peut-être aussi les bois et la blache (mauvais foin) des bords du ruisseau ou du Rhône. Le fermage se montait à 32 quintaux de froment.

En ventôse an III, le quintal étant évalué à 37 louis 10 sols, il paye au G. M. Militaire de Frangy 1415 livres en blé, seigle ou assignats.

Dès 1789 au moins, REYNAUD a sous-affermé à N. BRUNET MOISSEZ, probablement les terres seulement. On le voit vendre des boeufs et des tuiles audit BRUNET. Un acte le montre achetant une vache et une toupine de beurre pour Madame DE LA GRANGE.

Un document intéressant évoque la "4ème cuite" de Moissez en novembre 1807. Y avait-il seulement quatre cuissons annuelles ? Les tuiles sont des plates (17.500) et aussi des courbes (3.625). Leur prix n'est pas le même : pour 10 F on obtient 333 tuiles plates mais seulement 212 courbes. Les plates servaient pour toute l'étendue du toit et les courbes pour le faite et les bordures. Au total, il en vend pour 670 F, mais une partie du prix est directement payée à Monsieur de Chaumont, chose étonnante puisque REYNAUD était fermier.

Les acheteurs habitent dans les proches environs, dans un rayon de 11 km (Athenas, Lully, Savigny, Valleiry, Avusy, "Jurin" -Jurens- Faramaz, Vulbens, Chevrier). Ces localités se trouvent de part et d'autre de la frontière sardo-helvétique. C'était une petite tuilerie.

Après 1807, il n'est plus question des REYNAUD à Moissez. On connaît d'autres fermiers. Vers 1813, arrive Jean-François DURET, de Menthonnex en Bornes. La tradition orale parle d'une Adèle Berthoud. On dit que certains tuiliers mettaient de la chaux dans la terre. Vers 1900 la tuilerie fut achetée par la tuilerie Ballaison pour fermer le fonds. Jusque dans les années 1970, les vestiges de la tuilerie étaient encore bien visibles. On pouvait reconnaître des murs de briques et un plancher servant à faire sécher les tuiles.

Dès l'an VI au moins, les REYNAUD furent propriétaires d'une tuilerie au Crés de Puit, au nord-ouest de Viry à 500 m de la frontière suisse matérialisée par le ruisseau de l'Aire. Le Grès de Puit est au centre d'un cercle formé par les villages suisses de Chancy, Sezegnin, Avusy, et en France : Malagny, Humilly et La Joux (Valleiry) et ceci dans le sens des aiguilles d'une montre.

Ils y habitaient mais on cite parfois un fermier : en l'an VI BRUNET, vers 1839 F. CUSIN de Farges. Le départ de Vulbens a dû se faire vers l'an VII.

Les REYNAUD nous sont connus surtout par leurs nombreuses dettes et conflits judiciaires. Il doit de l'argent à un charpentier pour des journées de travail faites en 1811. Il a des dettes chez l'aubergiste de Saint-Julien. Il n'a pas payé un tailleur de Lancy. L'administration fiscale lui réclame souvent des impositions non payées. II doit payer le prix de deux boeufs à un habitant de Germagny (Viry).

La fourniture de son four en bois semble constituer un problème important : en 1821, il achète à un vétérinaire de Saint-Julien (gros propriétaire de bois ?) 1.000 fascines (fagots) pour un prix de 90 F.

En 1822, un procès éclate (un de plus...) REYNAUD devait à Charles VUICHARD de Bloux (Dingy-en-Vuache) plus de 400 F, apparemment pour des ventes de bois destinées à sa tuilière (laquelle ?).

Ne pouvant pas payer entièrement, REYNAUD s'engage à fournir pendant plusieurs années 500 tuiles. Les héritiers VUICHARD invoquent la non livraison de 1.500 tuiles et le fait que certaines se seraient cassées lorsque les VUICHARD seraient venus les prendre avec leur attelage. REYNAUD doit acensé des biens à un certain N. Pélaz à charge pour ce dernier de payer le fermage directement à Vuichard. En 1839, il achète 100 fascines à Lancy. Son four consommait beaucoup de bois.

Plusieurs saisies ont eu lieu. En 1806 (blé), en 1808 "dans le poil" (poële, pièce principale) : une horloge morbier avec sa caisse en sapin, "poit, courdage et lentille", plus de la paille et du foin ainsi que 15.000 tuiles, en 1809, en 1811 (blé), en 1813 (blé).

Quelques indications figurent sur sa vie quotidienne : en 1815 le ménage se compose de 8 personnes. On voit aussi acheter de la teinture pour les rideaux. Il paye les dettes de son frère Joseph chez l'aubergiste de Chancy.

En 1815, l'adjoint au maire de Viry, constatant que REYNAUD n'a encore fait "aucune emplette de bête noire pour l'entretien de son ménage" l'autorise à aller en acheter une à la foire de Vulbens. La "bête noire" semble être un cochon.

Nous n'avons pas d'indications précises sur la tuilerie comme c'était le cas pour celle de Moissez. Nous lisons seulement la mention de  livraisons à Saurai, Vaigy, La Joux, Songy. A Viry, il semble avoir pris des parcelles en ferme vers 1830.

A ces documents, il faut en ajouter d'autres dont nous ne comprenons pas la présence ici :

- En 1823Jean Claude P... promet de ne plus fréquenter la nommée Josephte R.... sans doute fille d'un syndic de village avec qui il a eu un "commerce illicite". Il jure par écrit de quitter le hameau pour faire cesser le scandale public et de retourner au chef-lieu "où ont toujours été mes ancêtres". Il s'engage aussi à vivre avec sa femme "ainsi que doit faire tout bon chrétien".

Ah, le coquin !

- En 1834 le Syndic de Savigny certifie qu'il n'existe aucune maladie épidémique sur le bétail à corne du hameau d'Olliet. Le certificat est destiné à Joseph Fol qui doit conduire deux boeufs à la foire de "Salnove".

Version initiale dans Bénon n°10, juin 1993

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité
Publicité